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Article Ratlàlà

La mycoplasmose

Le mycoplasme nourrit beaucoup de légendes et de paniques chez les éleveurs de rats, voire même parfois une vraie paranoïa ou un prétexte facile. Pourtant le mycoplasme c'est normal et inévitable, et il faut apprendre à vivre avec.

Le texte suivant est en très grande partie inspiré de la Gazette de RMCA (Rat & Mouse Club of America) et du site Ratguide

1. Qu'est ce qu'une mycoplasmose ?

Le terme de mycoplasmose désigne l'infection d'un rat par Mycoplasma pulmonis. Ce "mycoplasme du poumon", contrairement aux idées reçues, n'est pas une bactérie au sens strict, mais un mycoplasme (c'est une famille à part, cependant proche des bactéries "vraies"). En effet, l'absence de paroi bactérienne le rapproche plus des champignons unicellulaires (d'où la racine mycos= champignon).
Mycoplasma pulmonis est présent chez pratiquement tous les rats (à part certaines souches de laboratoire maintenues en conditions stériles et quelques très rares individus qui pour une raison ou l'autre en sont temporairement ou définitivement indemnes).
Le mycoplasme vit tranquillement dans les voies nasales et les poumons du rat. Il reste à l'état latent (=inactif) tant que le rat est en bonne santé. A ce stade, il va tout au plus provoquer quelques irritations des muqueuses, donc quelques éternuements ici ou là.
En cas de stress ou de maladie, il se développe de façon anormale et déclenche diverses affections respiratoires, l'une des pires étant la pneumonie (se terminant souvent par un oedème pulmonaire et la "noyade" du rat).
Le mycoplasme se transmet par le contact, la salive et l'air.

2. La maladie

Nous l'avons vu, avoir un rat sans mycoplasme est presque impossible. Et ce n'est pas gênant. En effet, le mycoplasme ne commence à poser un problème que lorsque le rat est lui-même affaibli, lorsqu'il est malade, vieux, stressé, etc. En général, les symptômes de la mycoplasmose apparaissent en même temps que d'autres symptômes, parce que c'est le "cocktail" des deux maladies qui leur permet de s'exprimer.
Parmi les principaux facteurs qui vont déclencher la mycoplasmose active, on a l'ammoniaque (litière pas assez fréquemment changée), les phénols (litière de résineux comme le cèdre, l'épicéa ou le pin) et les faiblesses d'origines diverses (vieillesse, coup de froid, coup de chaud, etc.)

                2.1. Diagnostic

Si votre rat éternue de façon inhabituelle, écoutez attentivement sa respiration. En effet, de nombreuses causes font éternuer les rats, mais la mycoplasmose ne se limite pas aux seuls éternuements. Un traitement ne peut se justifier que si la respiration est laborieuse (encombrement des sinus et/ou des poumons), si le rat est léthargique, ou s'il cesse de s'alimenter et de boire.
La première étape de la maladie, c'est les sinus congestionnés (bouchés ou presque). Ensuite cela descend vers les poumons (respiration sifflante, raclements dans les poumons). Un symptôme secondaire consiste en écoulements rougeâtres de porphyrine au niveau des yeux et du nez. Attention, la sécrétion excessive de porphyrine est liée au stress, pas à la maladie elle même ! inutile de traiter tous les rats qui ont de la porphyrine…
Un rat léthargique, ébouriffé, qui se tient en boule dans un coin toute la journée doit être amené chez le vétérinaire immédiatement, car il est certainement malade.
Le mycoplasme peut aussi provoquer des infections des voies génitales (utérus principalement). En général, ce n'est pas visible, mais une mycoplasmose des voies génitales peut réduire la fertilité, entraîner la mort ou la malformation des embryons, voire la résorption des embryons. Les infections des trompes et de l'utérus liées au mycoplasme arrivent souvent avec le mycoplasme respiratoire, mais pas obligatoirement.
Enfin, il peut entraîner une infection de l'oreille interne, avec perte d'équilibre (le rat roule sur lui même et a la tête penchée).

                2.2. Traitement

On utilise un ou plusieurs antibiotiques. Les antibiotiques ne font rien contre le mycoplasme (qui n'a pas de paroi bactérienne, à laquelle s'attaquent les antibiotiques), mais vont détruire les autres maladies, de telle sorte que le mycoplasme devrait revenir à un seuil normal.
Pour ces traitements, laissez faire le vétérinaire. Quelques noms d'antibios parfois utilisés que vous pouvez lui suggérer : Tylan (tylosine), Tetracycline, Cefadroxil (en combinaison avec Gentocine ou Amikacine), Chloramphenicol, Baytril (enrofloxacin), Doxycycline.
Attention tous les antibiotiques sont dangereux pour la santé. En détruisant la flore intestinale, ils peuvent provoquer des diarrhées et donc la déshydratation du rat. Soyez prêts à le réhydrater si nécessaire.
L'Aminophylline peut aider à dégager les voies respiratoires. Dans le cas d'une infection de l'oreille interne, ou d'une pneumonie sévère, la combinaison d'un antibiotique avec un corticostéroïde comme la Prednisone peut être utile.
Enfin, certains cyclines ont une action bactériostatique sur le mycoplasme (elles bloquent son développement), et peuvent donc participer au traitement.

Attention : ces noms ne sont donnés qu'à titre indicatif et ne doivent pas être utilisé dans le cadre d'une automédication. Ils ne peuvent que vous aider à dialoguer avec votre vétérinaire, à partir de l'expérience d'autres éleveurs.

En dehors du traitement lui-même il reste les précautions d'ordre générale, que l'on appelle la prophylaxie :

                2.3. Les maladies qui tuent

D'accord, on ne peut pas se débarrasser du mycoplasme, mais il n'est pas réellement dangereux lui-même. Il pose problème quand il se combine aux maladies suivantes :
Les bactéries Pasteurella pneumotropica, Streptococcus pneumonia, Bordetella bronchiseptica, bacille CAR (Cilia Associated Respiratory) et Corynebacterium kutscheri.
Les infections virales comme le virus SDA (Sialodacryoadenite) et le virus Sendai, combinées au mycoplasme, entraînent souvent une mort rapide du rat (surtout le Sendaï). Attention donc à la quarantaine (au moins 20 jours).

3. Conclusion

Puisque tous les rats ou presque ont le mycoplasme, que faire ? Et bien, il faut reproduire de préférence les rats qui sont les plus résistants à la mycoplasmose. C'est à dire que ce sont des rats chez qui le système immunitaire est capable d'empêcher le mycoplasme d'atteindre un seuil critique.
Cela ne signifie évidemment pas que les petits seront automatiquement résistants, mais ça augmente quand même les chances.

Il ne faut pas oublier que les symptômes de la mycoplasmose ne sont pas spécifiques. De nombreuses autres maladies peuvent provoquer les même symptômes. Par exemple, la tête penchée peut venir d'un traumatisme (choc), d'une attaque, ou d'une autre infection virale ou bactérienne.
De plus, l'épidémie est une situation à part. En effet, dans le cas d'une épidémie, même un rat "solide" peut être touché, car la maladie atteint alors un seuil critique où peu de rats resteront indemnes.

C'est l'association du mycoplasme avec une autre maladie qui est dangereuse. Il est donc inutile et dangereux de traiter un rat qui éternue avec des antibiotiques s'il n'a pas l'une des maladies (d'origine bactérienne) dangereuses, car ça ne le guérira pas nécessairement, puisqu'il est peut-être allergique ou n'a que le mycoplasme plus un coup de fatigue. N'oublions pas que les antibiotiques ne sont pas très bons pour la santé, notamment pour la digestion.

Concernant la reproduction : le mycoplasme est héréditaire (mais pas génétique), dans le sens où la mère va contaminer sa progéniture dès la plus jeune âge. Espérer éliminer le mycoplasme par la sélection des géniteurs est donc un leurre. Le seul moyen de lutter contre la mycoplasmose, c'est la prophylaxie (conditions de vie et notamment d'hygiène).


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