Pas de frame de navigation? Cliquez ici!

Article Ratlàlà

Deux nouveaux types de rats : le birman et le siamois à yeux noirs

Deux "nouveaux" types de rats commencent à être de plus en plus connus en France, même si ils n'y sont pas encore présents. Ces types se sont développés en Angleterre, puis en Hollande où il se sont très peu répandus, et enfin aux USA. Avant d'aller plus loin, il vous sera nécessaire de maîtriser à peu près les notions évoquées dans les parties "génétique" de Ratlala. Cette partie vous permettra de comprendre comment la génétique de ces nouvelles variétés a pu être déterminée expérimentalement par les ratteries anglaises.

Cette page est essentiellement basée sur les articles de Estelle Sandford, le Forum Fancy rats, et la mailing-list rat-genetics

Pour tout complément d'information, n'hésitez pas à consulter le forum Café Raoul.


Les différents points abordés :

Historique
Génétique
Premières hypothèses Hypothèses actuelles Conséquences
Description
Birman Siamois à yeux noirs Ivoire et BEC
Conclusions

Historique

Remonter en haut de la page

Définitions, synonymes, abréviations et traductions:

Tous les termes sont anglais, il faut soit trouvé un moyen de les traduire, soit les utiliser en anglais. Pour distinguer le gène de l'aspect, je vais essayer de proposer des versions françaises plus ou moins satisfaisantes pour chaque appellation, mais bon, personnellement j'utilise plutôt les versions anglaises...

Birman : En anglais, burmese. Ce mot fait référence à la fois à une couleur et à un gène, attentions donc aux confusions. Le standard birman correspond à un rat à pointes foncées, un peu comme un siamois, alors que le gène birman n'implique pas l'existence de ces pointes foncées... Je vais essayer d'appeler burmese le gène et birman la variété à pointes colorées, mais j'avoue qu'en général j'utilise plutôt burmese pour les deux (j'ai bien tort, je sais :-) )

BES, BEH, BEC, BED : Black Eyed Siamese (siamois aux yeux noirs), Black Eyed Himalayan (himalayen aux yeux noirs), Black Eyed Cream (crème aux yeux noirs), et Black Eye Dilute (dilution "yeux noirs")

Biscuit : Ce mot fait référence à l'aspect d'un rat burmese sans les pointes foncées.

Martre (sable) : Homozygote burmese, plus foncé que la forme hétérozygote

Ivoire : Rats crème pale aux yeux noirs, plus pales que les Black Eyed Cream

Doré : Effet de la base agoutie sur le burmese (ticking doré), en anglais "wheaten"

Historique :

En 1998 un amateur de rats domestiques écossais a découvert dans l'animalerie de l'université d'Edinburgh, au lieu des habituels albinos, d'étranges rats de couleur crème très pale, aux yeux noirs. En 2000 paraissait dans Pro-Rat-a (le magazine de la NFRS, la principale société anglaise pour les rats domestiques) un article consacré à ces "black eyed cream". Parmi les rats fournis par l'Université d'Edinburgh se trouvaient aussi quelques rats d'aspect "cannelle", mais au ticking imperceptible. Et pour cause... Ces rats étaient en réalité "biscuit", c'est à dire birman non marqué...

Très rapidement il est apparu que ces BEC produisaient des résultats surprenants avec le siamois : des siamois aux yeux noirs ! La première théorie fut donc que ces rats présentaient une nouvelle mutation du locus albinos, en plus de l'albinos et du siamois "normal" déjà connus. Plus surprenant encore, les éleveurs qui travaillent sur les rats "biscuit" ont découvert le même caractère ! Ce serait donc non pas un mais deux nouveaux allèle de l'albinos qui auraient été découverts...

A partir de 2000, les BED se sont dispersés dans toute l'Angleterre. Malheureusement les circonstances (arrêt d'élevage, gros problèmes de caractères dans la lignée) ont failli causer la disparition de ce gène au profit du birman. En 2003 toutefois, ces deux lignées qui avaient la même origine se sont retrouvées à nouveau en contact.

De son coté, le burmese poursuivait son bonhomme de chemin. Dès 2001 le croisement de deux birmans donne une forme très sombre, appelée "sable burmese". Cette variété connaît un succès immédiat et devient la vedette des concours en moins de 2 ans. Malheureusement il est reproduit en grande quantité mais très peu de portées sont prévues pour identifier plus précisément de quel type de mutation il s'agit réellement. La plupart des éleveurs commettent l'erreur classique de croire que l'on peut améliorer progressivement un marquage en reproduisant les rats les mieux marqués à chaque génération, une théorie qui est généralement erronée, mais qui a encore la vie dure.
Dans le même temps, on obtient rapidement des combinaisons secondaires : birman bleu, bleu russe, mink, dumbo, rex, etc.
Très vite, diverses portées viennent toutefois remettre en cause sérieusement les suppositions concernant la génétique des birmans et des BES.

Depuis 2003, birmans et BES ont été exportés principalement vers la Hollande, les USA et la Suède.

Génétique

Remonter en haut de la page

Premières hypothèses (fausses) :

On l'a vu, les premières portées effectuées avec des siamois ont mis en évidence une interaction directe avec ce gène. L'hypothèse de base fut donc celle d'un nouvel allèle du locus albinos : cb pour le burmese et ce pour les Black Eyes. Les génotypes hypothétiques sont alors :
a/a cb/cb = sable burmese A/- cb/cb = martre doré... c/ce = albinos aux yeux noirs
a/a cb/ch = birman A/- cb/c et A/- cb/ch = Burmese doré ch/ce = siamois aux yeux noirs
a/a cb/c = birman (pale)   ce/ce = crème aux yeux noirs

Hypothèses actuelles (probables) :

Très rapidement, des grains de sable viennent se glisser dans ces théories pourtant simples et séduisantes.
Pour le burmese, on a considéré que les premiers individus, de couleur biscuit, n'étaient pas marqués parce qu'ils étaient "de mauvaise qualité" (base mink, par exemple). Mais il n'en restait pas moins que les burmese ne sont pas nécessairement marqués. Burmese et BES ont été finalement démasqués par une série de portées "anormales".

La ratterie Shunamite Stud a reproduit un agouti avec un noir porteur du gène "Black eyes". Dans la portée sont apparus des himalayens à yeux noirs et des himalayens à yeux rouges... Ce qui est impossible !
En effet, ceux qui ont bien potassé les pages sur la génétique savent qu'un individu présente tous ses gènes sous formes de paires homologues. Pour le gène bleu, par exemple, il y a 3 possibilités : D/D (non bleu), D/d (porteur bleu) et d/d (bleu). Un rat ne peut pas avoir plus de 2 chromosomes analogues (sinon il est trisomique, ce qui est au mieux une grave maladie génétique quand l'animal est viable).
Dans cette portée, les deux parents étaient noir ou agouti, donc seulement porteurs de gènes récessifs appartenant au locus albinos. Si la théorie était juste, ils étaient donc C/c, C/ch ou C/ce. On a obtenu des himalayens à yeux rouges dans cette portée. C'est à dire des rats c/ch. Donc, par définition, un des parents portait le gène albinos c, et l'autre portait le gène siamois ch... Donc obligatoirement toujours, un des parents était C/c et l'autre C/ch. Mais alors, d'où sortaient les himalayens aux yeux noirs ? Le gène Black Eyes est donc obligatoirement distinct du gène albinos.

Si on part de l'hypothèse d'un gène distinct, alors ce gène était très certainement dominant, puisqu'il s'exprimait dès la première génération, dès qu'on croisait un siamois à yeux noirs avec un siamois à yeux rouges. Ce gène dominant est noté Be.
En réalité un des parents était donc C/c Be/be, l'autre C/ch be/be

Le burmese a connu des mésaventures similaires... qui ont conduit à un résultat assez proche : le burmese est lui aussi un gène distinct du gène albinos. Par contre, on a 3 phénotype différents : non birman, birman, et "birman sable" (birman foncé). On est donc en présence d'un gène semi-dominant, comme le rex. En gros, le "birman sable" est l'équivalent du double rex :-)
On note le gène burmese Bu.

A noter, une théorie récente, qui n'a pas encore été démontrée par les portées : le burmese ne s'appliquerait que sur les allèles du gène albinos (albinos ou siamois, donc), tandis que le black eyes pourrait s'exprimer sur du PED ou du RED (champagne ou beige par exemple).

Conséquences :

On l'a vu, un rat qui a le gène burmese n'a donc de pointes foncées que si il est génétiquement siamois ou himalayen. Idem pour les siamois et himas à yeux noirs. Les génotypes sont donc, pour le BED :

Pour le burmese :

Dans le cas des dérivés du burmese, la base agoutie a une influence notable car elle ajoute un ticking doré au pelage. On parle alors de birman ou de "martre" dorés (en anglais "wheaten", littéralement "de blé"). Ce sont d'ailleurs probablement des rats A/- c/c Bu/-, ce qui expliquerait les confusions avec le cannelle.

Description

Remonter en haut de la page

Birman (burmese) :
Le birman est un marron moyen régulier (sauf la forme dorée, bien sûr, mais le "vrai" birman est de base noire) avec des pointe de même couleur en plus foncé (idéalement, presque noires, mais pas tout à fait), plus les pointes contrastent avec le corps, meilleur est la qualité du type. Les yeux sont noirs.
Comme le siamois, la taille et l'intensité des pointes ainsi que la couleur globale du corps sont très variables. Le rat ne doit pas être "surmarqué" (trop foncé), sous peine de perdre l'intérêt du contraste entre pointes et corps.
 

Le birman "martre" est brun foncé, "couleur loutre" disent les anglais (quel bestiaire :-) ! ). Les pointes sont plus foncées, mais cette fois le contraste, idéalement ne doit pas être trop marqué : les pointes ne doivent pas être noires. Les yeux sont noirs, bien sûr.

Le birman "doré" est plus clair que le birman classique. Le sous-poil est marron clair, la pointe foncée. Le ventre est gris clair, les yeux noirs. Sous sa forme homozygote, le birman "martre" doré on obtient une couleur pratiquement indifférenciable du cannelle, à l'exception des pointes foncées (qui ne sont pas forcément très évidentes, d'ailleurs).

Comme les minks, les birmans ont tendance à ne pas être très réguliers, et présentent souvent des taches plus claires ou plus sombres, roussissent facilement, etc. Il arrive que les jeunes présentent des zones très décolorées (presque blanches), qui foncent avec l'age mais restent souvent un peu plus pales que le reste. Les male sont généralement un peu plus foncés que les femelles mais sont plus argentés (présence de poils blancs dans le pelage).

Siamois et himalayens à yeux noirs :

Ca c'est facile, c'est comme les siamois et les himas, avec les yeux noirs ! Pour ceux qui ne sont pas attentifs, pour le siamois ça implique donc un corps crème avec des extrémités de couleur sépia foncé : bas du dos, queue, oreilles, nez, pattes. Pour l'himalayen c'est pareil mais avec un corps blanc et des pointes moins étendues, marron très clair (presque beige)  

Ivoire (et Black Eyed Cream) :

Après l'avoir appelé "crème aux yeux noirs", la NFRS appelle maintenant "ivoire" les albinos aux yeux noirs. Le corps est uniformément d'un blanc cassé de teinte crème. Les yeux sont noirs, évidemment.

Attention, la NFRS distingue actuellement une couleur "crème" qui n'a aucun rapport avec notre crème habituel (intermédiaire entre beige et champagne). Il s'agit d'une couleur nettement crème, aux yeux noirs, une version plus foncée du standard "ivoire". Comme cette couleur n'apparaît que sur des rats génétiquement Be/-, et en particulier c/c Be/-, la théorie actuelle fait intervenir encore un nouveau gène, récessif cette fois... Mais bon, là on n'en est qu'aux tous premiers balbutiements de la théorie...

Dérivés divers

Évidemment ces couleurs sont compatibles avec tous les gènes de couleur habituels. On a donc des birmans bleu US, bleu russe, mink, des himalayens à yeux noirs bleu russe dumbo rex, etc. Il semble que la plupart de ces dérivés soient d'un intérêt douteux, comme d'ailleurs les dérivés de siamois. Cependant, les birmans bleus russes connaissent actuellement un gros succès. Ils sont un peu plus gris et "nacrés" que le birman normal, sans trop perdre le contraste du marquage.

A noter que le gène burmese "masque" l'effet du gène BED. Un rat birman peut donc parfaitement être "porteur BED". C'est d'ailleurs assez courant, la plupart des ratteries se spécialisant dans les 3 types : siamois, BES et birmans.

Conclusion

Remonter en haut de la page

Un article entièrement dédié aux méthodes et plans de sélection étant en préparation,je me contenterai de rappeler un point très important pour la reproduction des "nouvelles" variétés. Le développement d’un type particulier à partir du ou des individus présentant la mutation passe généralement par un fort taux de consanguinité. La plupart des rats de types « rares » que vous croiserez sont donc déjà très consanguins. En plus des précautions habituelles de sélection (pas de reproduction d’individus malades, faibles, présentant des défauts de naissance, trop petit, etc.), évitez donc de faire trop rapidement des croisements consanguins. Suivez donc le devenir des rats que vous élevez et donnez toujours aux adoptants leur pedigree complet (pas seulement les 2 premières générations), pour toujours savoir par la suite si vous travaillez avec des rats issus de vos propres lignées ou non !

Ces précautions et principes sont valables pour n’importe quel type de rat dont il existe peu d’individus.

Cependant, le burmese et le BED sont des cas un peu particuliers, comme le Down-Under il s'agit de gènes dominants ou semi-dominants. Il n'est donc pas nécessaire de faire des portées consanguines pour en obtenir à chaque génération. Il suffit de les croiser avec des siamois, des himalayens ou des albinos, indifféremment. Or ce n'est pas ce qui manque dans les pays francophones.
Donc soyez vigilants. Reproduire un burmese avec un burmese, ou un BES avec un BES serait une très mauvaise idée pendant les quelques premières générations après leur importation. En effet la consanguinité implique de gros risques pour la survie d'une famille, et n'a dans ce cas pratiquement aucun intérêt. Si dans le cas des gènes récessifs une consanguinité contrôlée peut parfois être utile, là ce n'est pas le cas...


Le contenu de ce site : images et textes, ne sont pas libres d'utilisation, vous devez toujours me demander avant de les utiliser